05. L’histoire du tatami (1) : période Jōmon à période Kofun

Beaucoup des éléments de la culture japonaise traditionnelle ayant été transmis par la Chine et la Corée voisines, on a tendance à penser que le tatami est originaire du continent alors qu’il est un produit de la culture de l’archipel. Le continent a transmis le revêtement de sol qui lui a servi de base, et qui a ensuite été arrangé par les japonais, pour devenir un plancher à part entière. Par quel processus ce revêtement de sol est-il devenu un plancher ?

 

Le plus vieux tatami du monde présent de nos jours

 

Le plus vieux tatami que l’on trouve au Japon date de l’époque Nara (710 à 794) et se trouve dans la maison du trésor du temple Tōdaiji, le Shōsō-in. Ce tatami était utilisé comme éléments de literie par l’empereur Shōmu (701 à 756) et est nommé Gojō-datami. Le Gojō-datami était étendu sur un support ressemblant à un lit et était composé de plusieurs couches de nattes recouvertes de tissus de chanvre.

 

Le Gojō-datami est composé d’un endroit, d’un envers et de rebords, une composition similaire aux tatamis actuels. Cependant, à cette époque, les tatamis ne servaient pas de plancher, mais étaient utilisés comme des sortes de matelas.

 

Le tatami comme revêtement de sol

 

Le revêtement de sol ayant servi de base au tatami est extrêmement vieux et existe depuis la période Jōmon, avant notre ère. Jōmon veut dire « motifs cordés », et l’on appelle ainsi cette époque car les poteries que l’on a déterrées sont décorées de ces motifs. On trouve des empreintes de revêtements tricotés sur le dessous de certaines de ces poteries, ce qui laisse comprendre qu’à cette époque existait déjà l’objet qui servirait de base au tatami.

 

De plus, dans les vestiges de la période suivante, la période Yayoi, on a retrouvé des étoffes faites de jonc épars. On suppose que cette étoffe a été fabriqué avec un métier à tisser venu du continent.

 

Le tatami comme literie

 

À l’époque Kofun, jusqu’à environ la fin du VIIème siècle, se développe parmi les plus importants clans guerriers la coutume de dormir sur un revêtement posé sur le lit. Les kofun sont des tombeaux destinés aux personnes de hauts rangs comme les membres de la famille impériale ou la noblesse, et mesurent pour les plus grands jusqu’à 486 mètres. À l’époque, on entourait ces kofun de mobiliers funéraires comme les haniwa. Les haniwa sont des poteries en argile enterrés avec les défunts représentant des outils ou des personnes. La plupart des haniwa sont de forme anthropomorphique ou de chevaux, mais on en trouve aussi en forme de maisons, avec pour certains, la représentation d’un lit. De plus, à cette époque, un ouvrage chinois sur le Japon, le Zuisho Wakokuden (Chroniques sur le Japon des Livres de Sui) mentionne un revêtement fait d’une natte tressée en paille dont les rebords sont recouverts. Tous ces éléments laissent penser que les nobles se servaient comme matelas d’un revêtement qui servira de base au tatami.

 

De plus, à partir du VIIIème siècle, le tatami a évolué petit à petit pour devenir un matelas sur lequel il était bon de dormir. Dans l’anthologie de vieilles poésies qu’est le Man’yōshū, on trouve plusieurs noms de tatamis comme le momen-datami, le yae-datami ou le tatami-komo. Selon un ouvrage de 1170, le yae-datami avait des dimensions de 98 sur 48 pieds, et était composé de 7 couches recouvertes d’une natte. Il s’agit là d’une composition très proche de celle du Gojō-datami décrit ci-dessus.